Randonnée adaptée au mont Salève avec un patient atteint de la maladie de Parkinson : une parenthèse de liberté
La montagne a ce pouvoir unique d’offrir un sentiment d’évasion, de dépassement de soi et de connexion à la nature. Pour les personnes atteintes de maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson, elle peut aussi devenir un terrain d’expression et de réhabilitation, à condition d’être accessible. C’est dans cet esprit que nous avons organisé une randonnée adaptée sur les sentiers du mont Salève, avec un patients, atteint de la maladie de Parkinson.
Une aventure préparée sur mesure
Avant toute chose, cette sortie a nécessité une préparation attentive. Le choix du parcours s’est porté sur un itinéraire accessible, avec un dénivelé modéré et un terrain relativement régulier. Nous avons opté pour le chemin qui part depuis la station supérieure du téléphérique du Salève, permettant d’éviter une montée longue et fatigante tout en profitant d’une vue panoramique exceptionnelle sur le bassin genevois, le lac Léman et les Alpes en toile de fond.
L’objectif n’était pas la performance, mais le plaisir de marcher, de ressentir, d’écouter et de respirer. En tenant compte des spécificités de la maladie — fatigabilité accrue, fluctuations motrices, troubles de l’équilibre.
Marcher malgré la maladie
Dès les premiers pas, la magie du lieu a opéré. Le regard de mon patient s’est allumé. La rigidité musculaire s’est peu à peu relâchée, le pas est devenu plus fluide, plus ancré. Le cadre naturel, l’air pur, le chant des oiseaux… tout semblait contribuer à une réappropriation du corps dans l’espace.
Un moment fort a été atteint en arrivant à un belvédère dégagé. Nous nous sommes assis, silencieux, face à l’horizon. Ce genre de pause est aussi thérapeutique que la marche elle-même : elle offre au patient un temps pour intégrer, pour ressentir la satisfaction de l’effort accompli, mais aussi pour se reconnecter à une forme de liberté intérieure souvent mise à mal par la maladie.
Un impact bien au-delà de la marche
Au-delà des bénéfices moteurs et sensoriels immédiats, cette randonnée a eu un effet positif sur l’humeur, la motivation et l’estime de soi de mon patient. Il m’a confié, à la fin de la sortie, que jamais il aurait pensé être capable de retourner marcher en montagne. Ce sont ces mots, simples mais puissants, qui donnent tout leur sens à notre démarche.
La montagne, quand elle est rendue accessible, devient un espace d’expression et de résilience. Elle permet de sortir du cadre médicalisé pour réinvestir le corps dans un environnement riche, stimulant et porteur de sens.
Vers une montagne pour tous
Cette expérience illustre combien l’adaptation du cadre, du rythme et de l’accompagnement permet d’ouvrir les portes de la montagne à des publics fragiles. Il ne s’agit pas de faire « comme tout le monde », mais de faire avec, en respectant les capacités et les besoins de chacun.
Continuer à proposer ce type de randonnée adaptée est pour moi une évidence. C’est une manière de replacer l’humain au cœur de la pratique thérapeutique, en lui offrant non seulement un soin, mais aussi une aventure, une émotion, un souvenir.